Aux Etats-Unis, l’inflation peine à revenir vers la cible des 2%. Au niveau du CPI de février, on observe ainsi un rebond de l’inflation totale (en glissement mensuel, à +0,4% comme attendu contre +0,3% en janvier) mais aussi et surtout de la composante sous-jacente qui ne ralentit plus (en glissement mensuel, à +0,4% contre +0,3% attendu et +0,4% en janvier). Même message du côté des prix à la production (PPI) de février qui ont légèrement surpris à la hausse sur la composante cœur (+0,3% en glissement mensuel vs +0,2% attendu). Cependant, nous estimons que le mouvement de désinflation n’est pas remis en cause et, en cette fin de cycle inflationniste (passage de la zone des 3% à la cible des 2%), il convient de s’armer de patience afin que les composantes les plus ancrées de l’inflation se normalisent, comme les loyers. Ces derniers sont corrélés au marché immobilier mais avec du retard et ils devraient donc refluer. Face à ces chiffres d’inflation et selon le baromètre FedWatch de CME Group, la probabilité d’une baisse des taux de la FED en juin est passée vendredi à environ 55% contre 75% la semaine dernière. Le marché table dorénavant sur 3 baisses en 2024, en ligne avec le scénario de la Fed. Par ailleurs, la réunion de la Fed de mercredi devrait nous apporter des éléments de réponse plus précis. Aucun changement n’est attendu au niveau des taux directeurs (fourchette de 5,25-5,50% maintenue) mais la mise à jour du scénario économique et notamment des « dots plot » (3 jusqu’à présent) de l’institution sera primordiale.

En Europe, où le mouvement de désinflation semble davantage entamé, la BCE doit résoudre une question épineuse : anticiper ou pas l’action de la FED sur les taux ? BCE et FED ne sont finalement pas dans la même situation. La FED a en effet intérêt à ne pas baisser trop rapidement et fortement ses taux d’intérêt car son économie va bien. La BCE (avec une croissance 2024 anticipée comme devant être presque quatre fois inférieure à celle des USA) se doit de pivoter vers une politique plus accommodante. Or, une action trop marquée et trop précoce sur ses taux reviendrait à fragiliser l’euro face au billet vert et à augmenter le risque d’une inflation importée sur le vieux continent.

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Article proposé par Auris Gestion